Myrtille
relève la tête lorsqu’elle entend les pas rapides d’Earon dans l’escalier. Il
marque un léger temps d’arrêt devant la porte avant de passer sa tête pour
vérifier si elle est toujours là. Elle sourit en fixant la visière de son
masque. Elle repose son menton sur ses genoux en le regardant entrer dans la
chambre. Pendant son absence, la pièce n’a pas cessé de se rafraîchir. Elle
s’est emmitouflée dans le drap fin comme elle a pu et garde ses mains au chaud.
Il s’approche
du lit pour y déposer son sac à dos et en sort rapidement une des couvertures
de leur chambre qu’il pose directement sur ses épaules. Il vide le reste de son
sac et leur installe peu à peu une atmosphère chaleureuse : la deuxième
couverture est pliée devant Myrtille ; les bougies sont allumées et disposées
un peu partout dans la chambre ; le maigre repas est installé sur un meuble à
côté du lit.
Elle l’observe
déambuler dans toute la chambre et devine sa légère timidité. Elle sourit en
remarquant les mêmes gestes que lors de leurs premiers rendez-vous secrets. Il
se relève souvent et regarde tout autour pour vérifier que tout est bien en
place puis se masse la nuque lorsqu’il la regarde avant de retourner déplacer
une bougie. Il fixe la fenêtre quelques instant, quitte la pièce pour fouiller
d’autres chambres et revient avec un long rideau sombre. Il l’accroche comme il
peut devant les vitres, dissimulant les lumières de leurs bougies aux curieux.
Après
diverses vérifications pour que tout soit impeccable, il redresse ses épaules
et retire son masque. Ses gestes mesurés indiquent une tentative de maîtrise
émotionnelle. Il le dépose loin du lit avant de se tourner vers elle. Un très
long frisson la parcourt. Il ne compte pas le remettre de si tôt. Elle lève les
yeux vers son visage.
La
lumière diffuse et dansante des bougies lui donne un air encore plus doux. Ses
cheveux noirs dissimulent presque ses yeux de chaque côté de son visage. Il les
laisse toujours pousser jusqu’à son menton pour qu’ils puissent cacher la
marque s’il ne porte pas de masque. Il porte une barbe de quelques jours qui
entoure son sourire timide. Le cœur battant, elle se redresse légèrement et se
force à quitter des yeux ses lèvres pour les remonter sur ses pommettes dures à
la peau légèrement basanée. Elle se mord inconsciemment la lèvre inférieure
lorsqu’elle plonge son regard dans le sien.
Earon
expire longuement. Lui aussi, il observait son visage à la lumière des bougies.
Il prend
toujours le temps de la détailler lorsqu’il le peut. Il peut y lire comme dans
un livre toutes les émotions qui la submergent. Sa peau d’habitude pâle est
bien plus bronzée depuis son séjour au Compas. Ses traits sont également plus
marqués. Cela ne fait qu’une dizaine de jours qu’elle est revenue, elle n’a pas
encore totalement récupéré. Ce détail réfrène un peu ses envies. Il baisse
rapidement les yeux sur son attelle puis se force à les relever.
Lorsqu’il
parvient à faire abstraction de ces petits détails lui rappelant ces derniers
mois difficiles, son cœur s’emballe. Son air serein l’enveloppe et le rassure.
Il lui sourit en retour. Son souffle se coupe lorsqu’il remarque l’éclair dans
ses yeux qui fait écho à sa propre envie. Il caresse du regard ses cheveux
violets tombant en de fines boucles autour de son visage avant de remarquer ce
geste qui lui provoque un doux frisson.
Elle se
mordille doucement la lèvre inférieure tout en le regardant fixement dans les
yeux.
Earon
comble la distance qui les sépare tout en retirant ses gants. Il les pose sur
un meuble en passant avant de s'asseoir en face d’elle sur le lit. Myrtille se
redresse et s’assoit en tailleur tout en gardant la couverture sur ses épaules.
Il ne la quitte pas des yeux, levant doucement sa main pour attraper cette
mèche rebelle devant son visage. Il la fait glisser entre ses doigts avant de
lui replacer derrière l’oreille. Il affiche un léger sourire au frisson que
cela lui provoque et aux émotions qu’il voit passer dans son regard. Son propre
cœur est sur le point d’exploser. Il glisse sa main derrière sa nuque pour l’attirer
vers lui avec douceur, pose son front contre le sien et ferme les yeux.
«
Lanito, Ni’Luna. »
Murmure-t-il
simplement. Ce mot secret pour lui dire ce qu’il ressent. Elle expire
longuement, il sent son souffle courir contre sa peau. Il frissonne et la sent
frissonner au même moment. Il sent ses doigts frais se poser sur son cou, son
pouce caresser sa joue tendrement. Le monde autour de leur chambre disparaît,
effacé par ce simple mouvement.
Myrtille a
fermé les yeux lorsqu’elle l’a entendu murmurer ces mots. Son cœur a loupé un
battement au son de sa voix brisant le silence. Elle n’avait entendu que les
battements de son cœur, leur respiration et les légers bruits provoqués par le
frottement des vêtements ou le craquement du lit lorsqu’elle bougeait.
Son murmure et
ses mots résonnent en elle au plus profond. Il achève de détruire les barrières
derrière lesquelles elle s’est cachée depuis son retour. Ils s’étaient déjà
parlés mais elle avait maintenu cette distance qu’il vient de combler ce soir
en utilisant ce simple code qu’ils ont entre eux. Son cœur bat de plus en plus
fort. Elle est incapable de lui répondre, ses émotions lui nouent la gorge.
Elle expire longuement et frissonne en même temps que lui. Plus rien n’existe,
ils sont seuls, ils sont ensemble. Il n’y a pas d’ombre ni de fantôme.
Elle passe sa
main dans son cou, caresse tendrement sa joue avec son pouce. Elle n’a pas
besoin d’ouvrir les yeux pour ressentir la tension qui l’habite également. Elle
ne réfléchit plus, laissant ses émotions prendre le pas sur tout le reste.
Myrtille penche la tête pour déposer un baiser timide contre ses lèvres puis un
second, plus téméraire.
Il tressaille
imperceptiblement, resserrant sa main dans sa nuque. Il l’attire un peu plus
contre lui en l’embrassant à son tour. Elle se met à genoux en suivant son
mouvement. Il l’enlace comme s’il ne voulait plus jamais la lâcher. Elle niche
son visage au creux de son cou, son souffle rapide lui fait totalement perdre
la tête. Il embrasse ses cheveux puis son front, glissant ses doigts sous son
menton pour lui faire relever la tête et pouvoir à nouveau goûter ses lèvres.
Il la sent
frissonner entre ses bras, sa main s’accroche à sa veste, un léger sourire
flotte sur ses lèvres lorsqu’il l’entend gémir doucement contre sa bouche.
Myrtille est la seule avec qui il est allé si loin. Découvrir qu’il pouvait la
rendre folle en quelques gestes l’a toujours rendu fier de lui. Il ne compte
pas s’en priver ce soir.
Il ne se
laisse pas envahir par ses pulsions et tente de garder le contrôle sur ses
émotions et ses envies pour lui permettre de savourer pleinement cette nuit. Il
souhaite profiter de chaque instant lui aussi. Sentir chacun de ses soupirs
contre sa peau, entendre chacun de ses sons et observer sans pudeur sa femme blottie
contre lui.
Il a besoin
d’exorciser toutes les minutes qu’il a passé loin d’elle et de balayer cette
peur de ne jamais la retrouver. Il veut lui montrer l’amour qu’il ressent pour
elle et leur faire ressentir la vie dans sa plus belle puissance.
Le souffle
court, il quitte enfin ses lèvres pour l’observer encore, prenant entre ses
doigts cette mèche de cheveux. Son regard pétillant le dévore, faisant
accélérer encore plus les battements de son cœur. Il sourit en écho à son
propre sourire magnifique et glisse son pouce sur ses lèvres. Earon prend une
grande inspiration lorsqu’il ressent le frisson de Myrtille, son invitation
silencieuse. Il glisse ses doigts le long de sa mèche et la passe derrière son
oreille tout en frôlant sa peau légèrement. Elle ferme les yeux, savourant la
tendresse de son geste avant de tourner doucement la tête pour embrasser sa
paume.
Il ferme les
yeux à son tour pour contrôler son envie, serrant les dents quelques instants.
Il caresse sa joue blottie contre sa paume du bout de son pouce pour garder ce
contact avec elle. Il sent alors les doigts de sa main droite venir dégager
doucement ses cheveux du côté gauche de son visage. Il ré-ouvre immédiatement
les yeux pour y chercher la honte et le dégoût dans son regard, comme à chaque
fois qu’il dévoile cette partie de son visage. Il n’y voit rien de tout ça dans
ses yeux. Elle ne lui transmet que son amour, le dévorant des yeux tel qu’il
est, avec toute sa patience qui la caractérise vis-à-vis de son acceptation de
lui. Cette sérénité déteint sur lui et ralentit ses ardeurs. Il lui sourit
timidement, comme chaque fois qu’elle lui montre qu’elle l’aime tel qu’il est
et non tel qu’il se montre aux yeux du monde.
Myrtille
sourit puis referme les yeux lorsqu’elle voit qu’elle a obtenu l’effet
recherché. Elle a très bien compris ce qu’il a en tête et souhaite elle aussi
prendre son temps. Elle veut sentir la vie et la sécurité qu’il lui offre dans
toute leur splendeur. Sans leurs masques, ils n’ont presque plus besoin de mots
pour se parler. La tendresse de ses gestes et son regard déterminé lui ont
suffit. Lorsqu’il s’est crispé sous l’effet de son envie, elle a su comment lui
transmettre son calme, comme à chaque fois.
Elle en meurt
d’envie également mais elle sait faire preuve d’une énorme patience et cela
l’avantage beaucoup. Elle a besoin de lui montrer combien il lui a manqué. Elle
veut lui faire comprendre qu’elle a toujours cru en lui et que ce jour
arriverait malgré ce moment où elle a décidé d’en finir. Elle souhaite effacer
cette image de leur esprit à tous les deux. Cela prendra du temps, certes, mais
ce soir ils oublieront tout ça. Ce soir, ils ne sont que mari et femme, seuls
dans leur bulle. Cette idée surpasse tout le reste et lui permet de prendre son
temps.
Elle blottie à
nouveau sa tête contre la paume de sa main quelques secondes avant qu’il ne la
glisse délicatement dans sa nuque. Dans un même mouvement, elle glisse sa main
droite derrière son oreille avant de passer totalement son bras dans son dos
pour donner plus de force à leurs lèvres qui se rencontrent. La couverture
tombe de ses épaules mais elle ne s’en préoccupe pas, il lui transmet assez de
chaleur pour qu’elle ne sente même pas le froid. La main gauche d’Earon descend
le long de sa hanche puis remonte sous son t-shirt pour la coller contre lui.
Elle sent les battements puissants de son cœur contre le sien, son souffle
lorsqu’il descend pour embrasser son menton puis son cou jusqu’à la base de sa
poitrine là où le tissu couvre sa peau.
Du bout des
doigts présents sous son t-shirt, il la frôle juste à la limite de cette zone
sensible tout en déposant de très légers baisers juste au dessus du tissu. Elle
ne peut retenir un léger grognement de frustration tout en posant sa tête sur
la sienne. Elle retient de justesse un mouvement de son bras pour ne pas le
pousser à aller plus vite.
Earon sourit
doucement contre la peau de Myrtille lorsqu’il sent son bras se crisper autour
de ses épaules. Ce grognement réveille ses pulsions bestiales mais il garde
encore le contrôle sur la situation. De sa main droite, il guide sa tête pour
qu’elle la bascule en arrière pendant qu’il remonte ses lèvres contre la peau
de son cou pour revenir plonger les yeux dans les siens. Il ne veut pas louper
un seul instant de cette montée du plaisir et graver dans sa mémoire ce regard
là à la place de celui qu’elle avait dans la cage.
Le cœur
battant, il laisse les secondes se suspendre pendant qu’il se noie dans ces
yeux gris sombre, pétillants de plaisir, d’amour et de sérénité. Il profite de
sentir son souffle court contre lui avant de répondre à l’appel de ses lèvres
entrouvertes. Sa main sous son t-shirt frôle encore une fois une parcelle de
zone sensible, lui provoquant un merveilleux frisson, avant qu’il ne déplace sa
main dans son dos.
Il tressaille
légèrement lorsqu’il sent sous ses doigts certaines cicatrices fraîches. Il ne
parvient pas à garder les idées claires et ne peut s’empêcher de reculer un
peu. La présence de son attelle au bras gauche se fait plus forte. Il ne peut
pas à la regarder dans les yeux, incapable de lui expliquer ce qu’il ressent
tout à coup. Son regard se pose sur son bras blessé et sa main droite glisse
dans son dos, perdant le contact avec sa peau. Un silence pesant s’installe, il
n’entend même plus son souffle rapide. Il comprend que son recul à eu un impact
sur elle presque identique au sien.
Myrtille ferme
les yeux pour calmer la douleur provoquée par son brusque recul lorsqu’il a
touché les cicatrices de ses blessures reçue pendant son enlèvement. Elle
comprend sa réaction. Mettant de côté sa frustration, elle refoule les
souvenirs liés à ces marques avant de rouvrir les yeux. Il fixe toujours son
bras gauche, fronçant légèrement les sourcils, en proie sûrement à divers
sentiments qui s’entrechoquent dans son esprit.
Attendrie,
elle retire doucement son bras de ses épaules pour se reculer un peu et lui
faire doucement relever les yeux vers elle en soulevant tendrement son menton.
Earon relève lentement les yeux de son bras pour stopper son regard quelques
instant sur les marques présentes sur son cou avant de la regarder enfin. Elle
se décide à briser le silence pour régler au plus vite cette tension qui
s’installe à présent. Plongeant son regard dans le sien, elle murmure :
« Ni’Aya…
No’Kita… Ne t’inquiète pas, tu ne me feras pas de mal. »
Earon fronce
un peu plus les sourcils puis se détend légèrement, expirant une longue bouffée
d’air. Elle ne lui laisse pas le temps de trouver ni de formuler des arguments
qu’elle connait bien. Elle passe ses doigts sur sa joue en ajoutant :
« Les
souvenirs liés à ces cicatrices n’ont pas leur place ici. Je ne souhaite pas
les laisser venir, tu ne m’aides pas si toi tu les laisses t’écarter de moi. »
Il ouvre la
bouche puis la referme. Elle sait toujours quoi dire pour calmer ses états
d’âme. Il se retient de justesse de répondre comme il l’aurait fait d’habitude
avec un « la porte est fermée pourtant ». Ce n’est pas le moment et ces
cicatrices l’ont rendu sérieux. Il lutte entre l’envie de la serrer simplement
contre lui pour la protéger à jamais de prochaines blessures et celle de ne pas
la toucher pour ne pas lui faire de mal. Un éclair malicieux dans son regard
réveille ses précédentes pulsions comme si elle avait soufflé sur un brasier.
Ses paroles s’impriment dans son esprit et il en comprend vraiment le sens.
Un grondement
sourd remonte de sa cage thoracique sous l’effet du désir et de la colère
envers ces marques. Il glisse ses doigts sur le tissu de son t-shirt pour lui
retirer. Elle montre un temps d’arrêt, resserrant instinctivement ses bras
contre elle. Il plonge son regard à nouveau dans le sien et il la sent se
relâcher. Il remonte le tissu lentement et prend soin de ne pas lui faire mal
lorsqu’il passe l’attelle. Il lâche le t-shirt, ne s’en préoccupant plus du tout
et pose les yeux sur sa femme.
Earon connaît
la majorité des marques présentes sur la peau de Myrtille. Elle lui en a
expliqué la provenance et il les a mémorisées plusieurs fois déjà. Aujourd’hui,
d’autres marques sont présentes. Il ne les connaît pas et doit faire d’énormes
efforts pour ne pas chercher à imaginer ce qu’il s’est passé. Il desserre les
dents petit à petit, leur laissant moins d’impact sur sa colère. Du bout des
doigts, il en frôle quelques-unes et en suit le tracé doucement. Elle frissonne
mais reste silencieuse, il la sent légèrement sur ses gardes. Étrangement, plus
il les touche, plus elle se détend et plus sa colère diminue pour laisser place
à un désir profond.
Ces cicatrices
ne sont plus d’anciennes blessures reçues pendant son absence. Elles deviennent
à ses yeux les chemins qu’elle a empruntés pour revenir auprès de lui. Parce
qu’elle respire sous cette peau marquée. Elle est en vie et elle est auprès de
lui. Il ne veut plus perdre un seul instant. D’une voix rauque, il laisse échapper
:
« Tu es
magnifique, Ni’Luna… »
Elle sourit en
rougissant doucement. Sa respiration s’est accélérée de nouveau. Chaque
mouvement de ses doigts longeant ses cicatrices, anciennes comme nouvelles, lui
font tourner la tête. Elle voudrait que ce moment ne s’arrête jamais. Elle veut
voir ce regard à chaque instant de sa vie, cet amour et ce désir qu’il contient
font écho à ses propres sentiments. Sous le coup d’un violent frisson, elle se
réfugie dans ses bras, nichant sa tête au creux de son cou.
Earon remonte
doucement la couverture pour la glisser dans son propre dos avant de guider
Myrtille pour l’allonger tendrement sur le lit et de la laisser se blottir au
chaud contre lui. Elle sent sous ses doigts la puissance des battements de son
cœur. Elle devine à sa respiration qu’il tente de calmer ses ardeurs. Il
caresse doucement les marques dans son dos, comme pour les apprendre ou leur
donner une nouvelle signification. Elle frissonne et lui laisse un peu de temps
avant de se blottir encore plus contre lui pour le réveiller. Il grogne
doucement puis se tourne vers elle.
Après quelques
secondes de silence à l’observer, il murmure :
« Tu es
sûre que… Ca ira ?
Elle sourit et
l’embrasse tendrement. Elle s’écarte lorsqu’elle sent la passion prendre le contrôle
de ce baiser. Il grogne à nouveau, elle lui répond alors :
- Sûre et
certaine.
Le regard
d’Earon s’illumine avant de s’assombrir de désir.
- Très bien.
Dans ce cas… »
Il bascule
totalement la couverture sur eux avant de la reprendre dans ses bras. Il ne
peut plus gagner du temps, son désir le rend totalement fou d’elle. Il compte
bien le lui montrer aussi longtemps qu’il le pourra. Il n’a pas besoin qu’elle
le lui dise pour qu’il comprenne que c’est également son cas.
Sa nuit, son
mari. Sa Lune, sa femme. Leur moment, réunis. Enfin.
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