Année 2060,
Je ne sais pas combien de temps il va falloir
encore tenir le coup. L’humanité…que dis-je ? Les Hommes sont devenus
fous. En moins de temps qu’il ne faut pour zapper sur une télécommande, tout a
disparu. Il n’y a plus rien…
Plus de lumière, plus de gaz, plus d’essence,
plus de munitions. La nature a repris ses droits bien plus vite qu’on ne
l’aurait imaginé. L’air qui était devenu rare est revenu peu à peu pendant que
toute civilisation disparaissait. Les bêtes ont fui depuis longtemps, celles que
nous connaissions en tout cas. Aujourd’hui je ne saurais t’expliquer la taille
des…monstres qui ont pris le territoire.
Je n’ai bientôt plus d’encre dans mon stylo,
peut-être que ces pages finiront brûlées pour réchauffer une nuit froide. Je
souhaite bonne chance au prochains qui liront ces mots, la terre n’est plus
celle que vous pensiez. Le redeviendra-t-elle un jour ?
Année 2075,
Le brouillard est arrivé d’on ne sait où. Il
était plus épais que d’ordinaire. Beaucoup de gens du campement sont tombés
malades, la majorité en sont mort, pour les autres…
Leur peau, leurs yeux, tout s’est décoloré. Ils
sont devenus aussi pâles que le brouillard au fil des jours. Ils marmonnaient
une langue étrange. Notre chef a décidé de les éliminer pendant la nuit. J’hésite,
je ne pense pas parvenir à le faire. J’ai derrière moi toute une armée qui
suivra mes ordres mais il y a dans ce camp de malades des enfants et des
femmes.
Pourtant notre survie en dépend. Qui sait de quoi
ils sont capables ?
Je ne sais si tu trouveras ces mots, chère sœur,
j’espère de temps en temps que tu es encore en vie et que tu tombe sur mes
papiers laissés derrière nous lorsque nous changeons de place. Peut-être le
brouillard t’a rendue malade, toi aussi… Quoi que la nature nous réserve encore,
nous gardons espoir envers nos Anciens. Nous retrouverons sans doute enfin
la…comment appelle-t-il cela déjà ? La « Tek » ? Tu sais,
cette énergie qui promet confort et des nuits sans craindre la moindre petite
ombre.
La nuit tombe, je vais accomplir mon devoir.
Puissions-nous nous revoir un jour.
Année 2085 :
« Brûle moi
ça ! »
Grogne
Taren en tendant un paquet de feuilles jaunies trouvées dans une caravane.
Kyinna les prends, feuillette par curiosité et tombe sur une ancienne lettre.
Elle lit en diagonale et hausse un sourcil.
« Taren,
ça parle de la nashu !
Elle
proteste bien qu’elle sache que rien ne peux lui faire changer d’avis.
-
Nous avons été Eveillé par Laku, je n’ai pas besoin d’en savoir plus. Brûle ça
et allume ce putain de feu, je me les gèle ! »
Elle
grommelle et craque l’allumette en croisant les doigts. La flamme prend et les
lettres jaunies partent en fumée. Kyinna se frotte les mains au-dessus du feu,
elle vient de brûler les derniers vestiges du passé en totale insouciance.
Année 2089 :
« Je ne sais pas ce que vous
feriez, sans moi pour vous retaper !
Il se tait un instant, me fixe
longuement et soupire.
Regardez-moi dans quel état vous
êtes ! Et tout ça pour une idéologie ! Fondateur, Nashen… Quelle
importance !? Et ceux qui survivent dans leur coin, tant bien que mal…
Même pas la peine d’en parler ! »
« Ouvre les
yeux ! »
_______________________________________________
Elle sursaute, ouvrant les yeux,
sortant brusquement d’un sommeil agité. Elle regarde la lune, bien haute dans
le ciel ce soir. Complète, éclairant de loin toute la plaine. Elle ferme les
yeux, sa nuit est partie. Elle est
seule. Elle se rappelle, pour tenir, tous les moments qu’elle a vécus. Les plus
durs comme les plus tendres. Mais quand même ses moments… Leurs moments.
Elle regarde ses mains, tremblant encore de ce qu’elle vient de faire.
Une larme roule sur sa joue.
Douleur. Serrant les poings, elle tente d’atténuer la sensation
de gouffre qui s’ouvre sous ses pieds et qui l’attire pour qu’elle y glisse
encore. Non !
Elle tente de se lever pour
s’éloigner de tout ce… De mettre une distance, une grande distance avec ce
sang… La corde se serre contre sa gorge, brulant sa peau déjà bien abîmée. Elle
tombe à genou dans un cri étouffé. Elle tousse, reprenant son souffle comme
elle peut en tentant de glisser ses doigts entre la corde et la peau de son cou
pour obtenir de l’air.
Alors qu’elle se sent perdue,
abandonnée, un nuage couvre la lune, lançant la pénombre bienfaitrice autour
d’elle. Les Ombres…Lui.
Un cri déchire la nuit,
parcourant la ville avec le vent.
Un cri de douleur, un appel à la
lune… Un appel à la guerre.
Sa voix, sa force… Ce qu’il lui
reste…
Earon !
Le vent souffle lorsque la lune
disparait derrière les nuages. Du haut des toits, une flèche siffle. Sa cible
ne bouge pas. Manquée. Ce cri… Il lève les yeux, serait-elle encore… ? Lui
qui pensait l’avoir perdue. Encore une fois, comme les autres. Il avait presque
fini par abandonner. Les ombres l’entourent, nourrissant sa haine, son amour
brisé, enlevé, arraché…
Il saute du toit, laissant à sa
cible un répit qui sera de toute façon de courte durée. Les ombres ne
choisissent jamais au hasard.
Il s’élance dans la nuit, guidé
par son cœur, sans même ouvrir les yeux, il court. Il arrive près des murs qui
la retiennent. Elle s’est tu. Pourtant il la sent, là, derrière. Il pose sa
main quelques secondes contre le métal froid. Sa nuit…
Choisissant avec soin la flèche
bleue-nuit dans son carquois, il la lève un instant devant ses yeux, admirant
les symboles pâles inscrits sur toute sa longueur. Les battements sourds de son
cœur résonnent dans ses oreilles. Il inspire profondément, fermant les yeux. Le
monde semble vaciller quelques secondes autour de lui. Elle est encore en vie.
La gorge nouée, il la fait rouler
entre ses mains, imitant comme elle sait si bien le faire, comme elle le lui a
appris, le hululement d’une chouette. Il sait qu’elle comprend.
Il est là. Il reviendra, ils la
lâcheront. Il mettra la ville à sang s’il le faut mais elle sera de nouveau
sienne.
Elle est vivante.
Je reviendrais, tiens bon.
Poussière Grise
Partie
I
Dans un monde post-apocalyptique,
l’espèce humaine tente de survivre et de se relever malgré tout. Aujourd’hui,
les survivants ne savent pas grand-chose de l’époque avant l’apocalypse ni le
pourquoi ou le comment elle a éclaté.
Certains survivants ont subis des
modifications irréversibles et génétiques pendant l’apocalypse. Leurs yeux sont
devenus gris. Ils n’ont pas perdus la vue, seulement cette teinte dans leur
iris. Ils se sont faits rejetés par ceux qui n’ont pas changés. Pendant un long
moment, ils se sont faits traqués et persécutés.
Ce mode de vie ne leur
convenaient pas, ils se sont rassemblés et rebellés sur plusieurs zones
civiles. Ils se sont proclamés Turnes et créèrent la Faction Nashen, éveillés
et choisis par Laku, le nom qu’ils donnent à Mère Nature. Ils ont estimés que
l’apocalypse était une leçon qu’ils étaient les seuls à avoir compris et que
c’était pour cela qu’ils avaient été marqués.
Ils se sont donc sentis investis
d’une mission : reconstruire tout en ne reproduisant pas les mêmes erreurs
que leurs ancêtres et détruire toute trace de ce qui avait blessé Laku. Cela
comprenait bien évidemment ceux qui avaient les yeux colorés.
Ceux qui n’ont pas changés, se
proclamèrent des Emnus et créèrent la Faction Fondateurs. Ils étaient, selon
eux, les légitimes héritiers de la Terre. N’ayant eu aucun stigmate de
l’apocalypse, ils se sentaient dignes de leur place et ne laisseraient aucun
Nashen leur reprendre.
Ils cherchaient par tous les
moyens de retrouver le confort de leurs ancêtres bien qu’ils n’en sachent pas
grand-chose. Ils tentaient de retrouver la « Tek » qui permettait de
chauffer les maisons, les éclairer et communiquer avec qui que ce soit,
n’importe quand et n’importe où.
Ils collectionnaient tous les
objets que leurs ancêtres avaient pu créer et les vénéraient sans forcément en
comprendre le fonctionnement. Ils tentaient de reproduire également un
fonctionnement politique identique à ce que leurs parents leur avaient
racontés.
Malgré tout cela, certains survivants
choisissaient de ne pas rejoindre le camp qui leur était destiné selon la
couleur de leurs yeux. Ils choisissaient de ne pas porter d’insigne de faction,
une lune en argent pour les Nashen ou un soleil orangé pour les Fondateurs,
restant neutre dans ce combat sans fin. Turnes ou Emnus, ils se parlaient et
vivaient côte à côte sans céder à l’idéologie des Factions.
Dans le nord de la France, une
région aujourd’hui nommée Vedasq abrite un poste avancé Nashen, un poste avancé
Fondateur et un village de Neutres. Aucun d’eux n’est prêt à abandonner du
terrain à l’autre. Tout moyen est bon pour parvenir à ses fins. Il n’existe
plus aucune Loi qui s’impose lorsqu’il s’agit de combattre pour ses idéaux.
Combattre
ou mourir pour la cause, c’est ainsi que se déroulent les journées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire